Pour ce premier entretien je rencontre un globe-trotter, un vrai, Fabrice du blog Instinct Voyageur.

Pourquoi parler de voyages sur un blog orienté développement personnel, monétisation ou applications internet me direz-vous ?
Peut-être tout simplement parce que je fais ce que je veux.     ;-)

Plus sérieusement j’adore son blog, les photos sont magnifiques et donnent envie au casanier que je suis de bouger un peu plus.
Et puis comme le dit le dicton : « les voyages forment la jeunesse. »
Donc développement personnel, ouverture d’esprit, accomplissement, etc… on est en plein dedans.

Je ne suis pas un grand voyageur, tout au moins je suppose pas dans le sens où l’entend Fabrice : je serais même à l’opposé et plutôt hôtel de luxe, plage de rêve, sable chaud, farniente et doigts de pied en éventail… mais j’aime bien les gens qui n’ont pas la chance de me ressembler.
Et désolé, ce ne sera pas non plus la énième interview sur le thème « comment gagnes-tu ta vie sur internet ? »
Les gens plutôt que l’argent ? Mmm… Peut-être pas très vendeur tout ça. Tant pis, ça vaut la peine. ;-)

Bonjour Fabrice, dis-nous quelques mots sur toi.

Bonjour David ! J’ai 33 ans et je vis tout près de Paris depuis 3 ans. Depuis disons 7, 8 ans le voyage occupe une grande place dans ma vie.
J’ai créé il y a 3 mois le blog Instinct Voyageur afin de partager mes escapades, défendre une certaine idée du voyage et donner aussi envie à d’autres de franchir le pas pour deux semaines… ou un an !

C’est quoi un voyageur pour toi ?

Vaste question. Je pense que la réponse est propre à chacun.
Pour moi c’est avant tout une personne curieuse qui aime sortir des sentiers battus, qui s’interroge vraiment sur le pays qu’elle traverse et qui va à la rencontre des locaux par ses propres moyens.
On oppose souvent le touriste et le voyageur. Si je n’aime pas le tourisme de masse, il faut reconnaître que c’est plus complexe que cela.
Hormis certains cas, en général, un voyageur est un touriste. Il précède d’ailleurs souvent le tourisme de masse. Par contre, c’est beaucoup moins vrai dans le cas contraire. J’espère que vous me suivez.

Qu’est-ce ce qui t’a donné cette envie de voyager ? Je suppose qu’on ne nait pas voyageur, ce sont plus souvent les parents, un modèle familial, des lectures de jeunesse qui inspirent, non ?

En effet, on ne nait pas voyageur.
Le modèle familial peut jouer un grand rôle mais pour moi ce ne fut pas le cas. Mes parents n’ont pas voyagé et sont resté en Ardèche où j’ai passé une très belle enfance.
Je crois que mon envie d’ailleurs est venue de mes lectures ,dès mon plus jeune âge. J’étais abonné à des magazines qui ouvraient l’esprit, je me rappelle notamment du magazine « Terres lointaines » dont chaque numéro était consacré à un pays.
Je pense qu’adulte on reste très déterminé par son imaginaire d’enfant.
Et puis, c’est surtout le voyage en lui-même qui m’a rendu accro.

Que voulais-tu faire quand tu étais enfant ?

Quand j’étais enfant, j’ai voulu faire plusieurs métiers différents. Autant que je me rappelle : médecin, archéologue, reporter, prof. Voilà, des envies d’enfant assez classique somme toute.

Il te fallait faire Yann Arthus-Bertrand comme métier, ça t’aurait permis de concilier le rentable et l’agréable ? ;-)

J’y ai pensé mais c’est un secteur où il est très difficile de percer.
Même arriver à en vivre, c’est difficile. Tout le monde ne peut devenir Y A-B.
Question de talent, de motivation et de courage.

Quel a été ton tout premier voyage ? Vrai voyage je veux dire, pas la première fois où tu es allé seul en train chez ta grand-mère.

Ma grand-mère habitait juste à côté de chez moi. ;-)
Pour ma part, ce fut progressif mais il y a trois expériences je pense qui m’ont marqué.
D’abord ce fut ma première immersion forte à l’étranger quand j’ai débarqué à Londres pour rejoindre un ami et y bosser quelques mois. J’avais 23 ans.
Mon premier voyage marquant fut la découverte de la Roumanie avec un ami.
Ensuite, j’y suis retournée souvent pour une fille.
Après je suis allé travailler au Nigeria près d’un an et demi. J’en suis reparti à moto en traversant l’Afrique de l’Ouest. Je crois que c’est à partir de là que mon cas est devenu incurable. De plus, c’était mon premier véritable long voyage tout seul.

Ca ce n’est pas banal ! Raconte un peu le road movie en moto.

Et bien, c’est un voyage en 125 que j’ai fait de Lagos à Dakar sur trois mois.
Je suis passé par le Bénin, le Togo, le Ghana (où j’ai eu la chance d’assister à une éclipse totale de soleil sur une plage), le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et la Gambie.
Que du bonheur ! Un sentiment de liberté totale. J’en reparlerai sur mon blog.

Est-ce que tu te définirais comme un routard ? Comme tu vas me demander ce que j’entends par routard, je te dirai le gars barbu qui voyage avec son gros sac à dos, la guitare en bandoulière et qui veut tout voir en payant le moins possible. Je plaisante mais je suis sûr que tu as compris le sens de ma question : pour moi le routard c’est un peu l’opposé du touriste « classique »

C’est drôle car j’ai moi-même une barbe et si je n’ai pas de guitare, je voudrais bien me mettre à l’harmonica, instrument de musique nomade par excellence.
Bon, je n’aime pas trop le terme de routard qui a, je trouve, un côté un peu péjoratif et puis cela me fait trop penser au célèbre guide.
Mais oui, j’imagine, que pour beaucoup, on peut employer à mon propos le terme de routard.
Les anglo-saxons quant à eux emploient le terme de backpaker, voyageur sac à dos, que je préfère car moins « connoté ».

Tiens, en parlant du guide du routard, une anecdote : lors d’un voyage à Séville il y a quelques années j’avais acheté le fameux guide et je cherchais un endroit où dormir. Chaque fois que j’arrivais au lieu indiqué il y avait une file de gens qui attendaient le guide à la main. Je me suis promis d’éviter à l’avenir…

De toute manière le routard n’est pas forcement l’opposé du touriste «classique» si tu entends par là celui qui se déplace en voyage organisé.
Mais tu sais, le routard peut tout à fait se rapprocher du touriste : je veux dire que certains «routards» (gardons ce terme) ne restent qu’avec leurs semblables, ne s’attardent que dans des endroits très touristiques.

Ce n’est pas un peu égoïste de voyager en solitaire ?

Voilà une question intéressante. J’imagine que pas mal de personnes doivent me trouver un peu, voire carrément égoïste.
Elles n’ont pas totalement tort car le voyage en solitaire est une activité égoïste, difficile de le nier. Cela dit, j’assume complètement cet aspect car je pense que c’est important dans la vie d’être un minimum égoïste dans ses choix. Et puis au fond, tout le monde agit en fonction de ses propres intérêts, pour combler ses manques et ses peurs. Tout le monde est égoïste sauf peut-être des êtres comme Mère Teresa, et encore.
Les gens vont mettre cette étiquette plus facilement sur le voyage en solitaire car c’est une activité plus marquante, ce n’est pas commun, et comme tout ce qui n’est pas commun cela dérange.
De toute façon, même si j’aime bien cela, le plus souvent je ne trouve personne pour partir avec moi, tout simplement.
Et là, tu as deux choix possibles : soit tu ne le fais pas (en général par peur), soit tu pars.

Tu ne serais pas un peu misanthrope par hasard ?

Si tu entends par misanthrope quelqu’un qui fuit les rapports humains, qui n’aime pas les gens, alors non.
En voyage, je cherche le contact, je peux rester un long moment à parler à quelqu’un que je viens juste de rencontrer dans la rue, sans but.
En photo, j’aime, entre autre, le portrait. Par contre, parfois, j’aime assez la solitude, du moins sur une courte période !

Est-ce que tu envisages de voyager en famille le jour où ce sera le cas ou tu considères que c’est un truc à faire quand on est sans attaches?

C’est oui dans les deux cas. Ce n’est pas contradictoire.
Alors oui, si un jour j’ai une famille, j’aimerais beaucoup faire un long voyage avec ma femme et mes enfants. Idéalement, quand ils auront entre 5 et 10 ans car à cet âge ils sont suffisamment autonomes et en même temps très ouverts. Et puis la continuité scolaire est tout à fait possible en voyage par le CNED.
Je suis sûr que cela peut être un grand moment de partage avec ses enfants. Et leur donner le goût du voyage serait important pour moi.
Mais il est clair que c’est plus facile sans attaches : si c’est le cas, n’hésitez pas, foncez !

Comme Fabrice est très bavard (et que je lui ai quand même posé beaucoup de questions) la suite au prochain numéro …