Voici la suite de l’entretien avec Fabrice du blog Instinct Voyageur.

Si demain tu arrives à l’aéroport et que  pour cause de surbooking on te surclasse en first, tu y vas ou tu considères que c’est se renier ?     ;-)

Sans payer un euro de plus ? Grand Dieu non, j’y vais !

Comment prépares-tu tes voyages ? Tu te documentes ou tu pars carrément à l’aventure ?

Avant je me documente pas mal mais c’est surtout par curiosité car c’est un vrai plaisir. Je lis des ouvrages se rapportant au pays où je vais me rendre : essai, romans etc… Je suis un grand lecteur.
J’emporte toujours un guide mais je ne réserve jamais rien à l’avance et je ne planifie pas trop non plus au niveau du temps. Par contre, je me renseigne sur les lieux à voir, les festivals, les coins les plus insolites etc.
En fait tu t’aperçois que tu pourrais laisser le guide à la maison et  qu’au final tu peux t’en passer. La fonction d’un guide je crois est surtout de rassurer.
Tiens, depuis un moment, je me dis qu’il faudrait que je fasse un voyage sans emporter de guide, comme ca, en débarquant. Je suis sûr qu’il n’en serait que plus fort !

Quel guide emportes-tu ?

Le Lonely Planet.
Je le trouve plus complet que les autres.

Tu vis où pendant tes voyages : à l’hôtel, en auberge de jeunesse, chez l’habitant(e) ?

Je dors dans des guest house bon marché ou des auberges de jeunesse. Rarement chez l’habitant du moins lors de mes derniers voyages. Justement, j’ai vraiment envie de me mettre au couchsurfing, j’ai eu plein de très bons échos à ce sujet.

C’est onéreux, ça prend du temps pour voyager, je ne sais pas si tu as un métier fixe mais sinon ce n’est pas un petit peu marginal comme mode de vie ? Comment tu concilies tout ça ?

Onéreux, oui et non.
Non car voyager coûte moins cher qu’on ne le croit. Regarde l’interview de Romain sur mon blog qui a voyagé un an en vélo avec 4000 euros. Sans pour autant voyager en vélo, à petit budget et sur le long terme, cela coûte moins cher qu’un budget en France.
Oui car c’est tout de même une somme. Mais la plupart des personnes avec un salaire moyen peut économiser assez sur un ou deux ans pour faire un voyage au long cours. Il suffit d’avoir une vie simple et de connaitre ses priorités.
Ca coûte encore moins si tu voyages en petit budget et sur une longue période. C’est juste une question de volonté et de priorité en fait.

J’ai un métier fixe mais pas de boulot fixe.
J’ai toujours choisi des cdd pour la liberté et la flexibilité : c’est un mode de vie un peu marginal c’est vrai mais je n’aime pas ce mot péjoratif, je dirais différent, oui.
Des personnes qui voyagent beaucoup, sur la route, tu en rencontres pas mal crois-moi. Mais je connais d’autres personnes qui ont épousé vraiment une vie nomade, lisez Kim Hafez.
A côté de lui, je reste dans le rang… ;-)
Car ce qui est le plus dur dans ce mode de vie ce n’est pas l’argent mais plutôt le côté psychologique, cela demande de l’énergie et une certaine motivation pour aller à contre-courant de la société.
Tu sais, ce qui fait bouger (ou plutôt pas !) les hommes, plus que l’argent, c’est la recherche de la sécurité et la peur de l’inconnu.
Pour l’instant, je fonctionne comme cela. Sans doute, je me poserais d’avantage à l’avenir. Enfin peut-être ;-)

Sur ton blog tu proposes de superbes photos : tu es très doué ou tu as un super matériel automatique qui fait tout, tout seul ?

Merci David :-)
Je dirais que c’est de la pratique avant tout, comme bien d’autres choses dans la vie. Et de l’intérêt pour la belle image.
J’ai un bon matériel c’est vrai mais en photo c’est le regard qui est important : un super matériel ne remplace pas le regard, la sensibilité et la pratique.

Quel est l’objet indispensable pour toi, le truc sans lequel tu refuses de partir, ton doudou ? ;-)

Je n’en ai pas besoin ;-)
Sinon, je ne pars jamais sans mon appareil photo, un carnet et un bon bouquin !

On se rend compte tous les jours que le monde devient de plus en plus violent, plus dangereux, cela t’est-il déjà arrivé d’avoir peur pendant tes voyages et quelles précautions prends-tu habituellement pour éviter les problèmes?

Je ne me souviens pas d’avoir eu peur jusqu’ici. C’est aussi je trouve un mythe chez certaines personnes qui pensent que voyager est dangereux.
Bon, je ne suis pas un gros casse cou, je ne prends guère de risque il faut dire. J’évite d’exposer des objets de valeurs sur moi, je ne quitte jamais mon petit sac à dos où je mets l’essentiel.
J’appréhende un peu plus mon prochain voyage en Amérique Latine, une région plus violente que l’Asie.
Néanmoins, je dirais que le plus dangereux en voyage, c’est le trafic sur la route dans bien des pays du « Sud ».

Ne penses-tu pas que la démocratisation du transport, en particulier le transport aérien, a faussé les rapports entre autochtones et voyageurs ? Quand tu vois que les Inuits sont maintenant habillés en jeans et vendent des peluches made in china aux touristes qui débarquent en croisière on peut quand même se demander où est l’authenticité non ?

Ha , je vois que tu as vu le reportage d’Envoyé Spécial sur ce sujet il y a peu  ; -) Justement, je pensais en parler sur mon blog.
Bon, c’est un sujet complexe. Comme toute activité, il y a des cotés négatifs.
Bien sur, dès que l’argent entre en compte les rapports sont faussés mais il reste tout de même des zones en retrait où tu ne ressens pas encore cela.

Je sais que tu fais aussi de la plongée. C’est pour rencontrer une sirène ? ;-)

Non mais j’en ai vu :-)
J’ai découvert la plongée l’année passée en Asie et j’ai tout de suite adoré.
C’est une activité riche, tu découvres vraiment un autre monde et tout cela en vivant des sensations fortes. Un peu comme si tu volais. J’aime particulièrement la découverte d’épaves.
Bref, désormais, j’essaie de lier le plus possible voyage et plongée.

Un peu de science-fiction. Tu es vieux, la France ne peut plus te nourrir car il y a un actif pour 3 retraités, tu t’installes où pour finir tes jours ?

J’y ai déjà pensé…
Actuellement, je dirais le Cambodge !

Ton pire souvenir de voyage ?

Je pense que c’était une amibiase (les amibes sont des parasites)  attrapée en Inde. Très désagréable à vivre.
J’ai bien été malade une bonne semaine, à faire des aller-retour incessants aux toilettes…

Raconte-nous une anecdote qui t’a émue. Le genre de truc qui empêche de trop désespérer du genre humain.

Elles sont nombreuses ! Pour faire simple, je vais te raconter la plus récente.
Cela s’est passé cet été à Sumatra. Dans le bus, une jeune femme me propose de m’accompagner afin de me faire visiter la ville où je me rends. Elle a passé l’après-midi avec moi et m’a offert un cadeau, deux figurines de danseuses traditionnelles. Puis elle est repartie prendre le bus pour rentrer chez elle : 4 heures de route pendant la nuit.
En fait, je pensais au début qu’elle se rendait dans cette ville pour visiter quelqu’un. Mais non. Cela m’a assez ému.

Pour finir, si tu avais un endroit, un seul à conseiller à nos  lecteurs, THE endroit qu’il faut voir avant de quitter cette terre ?
Joker ! C’est une question difficile qui dépend de la sensibilité et des goûts de chacun.
Il y a pourtant un endroit qui me vient à l’esprit et qui m’a marqué, c’est Varanasi en Inde.
C’est un des endroits les plus incroyables que j’ai vu sur cette Terre. C’est un peu la Mecque des Hindouistes.
Ils y viennent pour y mourir afin que leurs cendres soient jetées dans le Gange. Les quais du fleuve sont incroyables. Tu peux y rester des jours entiers à observer les scènes de vie et de mort car les corps sont incinérés sur les rives du fleuve.
Les ballades en barque à l’aube sont uniques.

Je te remercie Fabrice pour ce moment de poésie (mise à part l’amibiase   ;-) )  dans ce monde de brutes qui ne pensent qu’aux sous et j’invite les quelques lecteurs qui ne le connaitraient pas encore à visiter ton blog qui est vraiment passionnant.

A bientôt.